Pourquoi la relation de couple chez les jeunes est un vrai défi ?

Le regard d’une coach relationnelle sur une société en mutation

Depuis quelques années, une tendance devient de plus en plus marquée : les jeunes adultes semblent éprouver de plus en plus de difficultés à former et maintenir des relations de couple stables. En tant que coach relationnelle et thérapeute, j'observe ce phénomène autour de la relation de couple chez les jeunes aussi bien dans mes accompagnements que dans mon cercle personnel. Mes enfants eux-mêmes, tout comme de nombreux jeunes que je reçois en séance, me confient leurs questionnements, leurs hésitations, et parfois leur désarroi face à la construction d’un couple durable.

Alors que l’amour, le lien, la complicité restent au cœur des désirs humains, pourquoi est-ce devenu si difficile pour une génération pourtant si connectée, informée et consciente, de construire une relation à deux ? Et surtout, est-ce forcément une mauvaise chose ?

Un contexte professionnel instable et exigeant

Le monde du travail a profondément évolué. Fini les carrières linéaires, les CDI à vie, les horaires fixes du lundi au vendredi. Aujourd’hui, les jeunes enchaînent souvent les contrats courts, cumulent les activités, explorent différents métiers, partent à l’étranger ou se reconvertissent parfois plusieurs fois dans la même décennie. Cette instabilité professionnelle se reflète inévitablement dans le domaine relationnel.

Il est difficile de poser les bases d’une relation saine et solide quand on ne sait pas soi-même où l’on va, ni où l’on vivra dans six mois. La précarité et l’adaptabilité permanentes laissent peu de place à la projection à deux. Il ne s’agit pas d’un manque d’envie, mais d’un contexte où l’ancrage devient compliqué.

Une nouvelle génération de femmes qui ne sacrifie plus tout

Une autre transformation majeure, salutaire à mes yeux, est celle de la posture des jeunes femmes. Il ne s’agit plus pour elles de “faire couple à tout prix” ni de modeler leur vie selon les besoins de l’autre. Beaucoup refusent désormais de sacrifier leurs rêves, leurs passions, leur carrière ou leur santé mentale au profit d’un couple traditionnel. Et comment ne pas les comprendre ?

Les jeunes femmes d’aujourd’hui veulent aimer sans se perdre, s’engager sans s’oublier. Elles veulent une relation où elles peuvent grandir, s’épanouir, créer — pas une cage dorée.

Cela peut parfois donner l’illusion qu’elles ne “veulent pas s’engager”. En réalité, elles veulent juste s’engager autrement, avec conscience, égalité et respect mutuel.

Des attentes plus hautes, mais aussi plus floues

Les jeunes générations attendent beaucoup — parfois trop — de l’amour. Elles veulent vivre une relation profonde, fluide, inspirante, légère mais intense, libre mais engagée. Ce sont de belles aspirations, mais elles peuvent aussi créer une pression silencieuse : si la relation devient un lieu d’épanouissement total, elle peut aussi être source de frustration dès qu’elle devient simplement “normale” ou humaine.

Dans un monde où tout semble remplaçable en un clic, où les applications de rencontres multiplient les options, il est devenu facile de penser qu’il y a toujours mieux ailleurs. Mais cela peut aussi empêcher d’entrer vraiment en lien, de dépasser les premières difficultés, de construire quelque chose de solide et authentique.

Relation toxique ou simplement inadaptée ?

Dans ce brouillard relationnel, les jeunes peuvent aussi confondre relation toxique et relation simplement inconfortable. Il est important de distinguer une relation réellement malsaine — où l’un manipule, détruit ou nie l’autre — d’une relation qui demande simplement des ajustements, des discussions, des clarifications.

Beaucoup de jeunes n’ont pas reçu d’éducation relationnelle : ils découvrent les limites, les attentes, la communication, les besoins de chacun en avançant à tâtons. Et parfois, par manque de repères ou de soutien, ils rejettent toute forme de tension comme étant “toxique”, sans toujours prendre le temps d’explorer ce qui pourrait être transformé.

En tant que coach relationnelle, j’encourage chacun à s’autoriser à apprendre, à se tromper, à grandir dans le lien. Une relation saine n’est pas une relation parfaite. C’est une relation vivante.

Réinventer le couple : une nécessité, pas un échec

Et si le problème n’était pas les jeunes… mais notre vision obsolète du couple ?

Le modèle traditionnel — exclusivité, cohabitation, fusion, rôles genrés — ne convient plus à une grande partie de la jeunesse. Mais cela ne veut pas dire que l’amour, le couple, ou l’engagement sont morts. Cela signifie qu’il est temps d’inventer une autre façon de relationner.

Un couple n’a pas besoin de ressembler à ceux de nos parents pour être valable. Il peut être à distance, libre, évolutif, non cohabitant, créatif… L’important n’est pas la forme, mais la qualité du lien, la clarté des accords, le respect de soi et de l’autre.

Pourtant, une autre difficulté se glisse dans cette transition : le discours ambiant, les modèles familiaux, les films romantiques, les romans, les contes, la publicité... Tout continue à valoriser un modèle d’amour fusionnel, linéaire, éternel, où le couple est censé tout combler. Cela crée un écart douloureux entre ce à quoi on aspire et ce qu’on vit réellement. Les jeunes se sentent parfois “en échec” non pas parce qu’ils ne savent pas aimer, mais parce qu’ils n’arrivent pas à répondre aux attentes irréalistes projetées sur l’amour.

Nous sommes dans un moment de basculement collectif, où les représentations doivent évoluer autant que les pratiques. Cela prend du temps, cela demande du courage, et surtout beaucoup de bienveillance envers soi.

Un regard d’espoir sur les relations de couple chez les jeunes

Je crois profondément que les jeunes ne sont pas en difficulté relationnelle. Ils sont en transition. En train de chercher, d’explorer, de déconstruire des modèles anciens pour créer de nouveaux liens plus alignés avec leurs valeurs. Ce n’est pas un signe d’échec, mais de conscience.

Ils veulent vivre des relations authentiques, égales, vibrantes, respectueuses. Et c’est en cela qu’ils ont besoin d’accompagnement, de repères, d’espaces pour parler de leurs peurs, leurs blessures, leurs espoirs. Pour apprendre à aimer autrement.

En tant que coach relationnelle, je suis convaincue que l’amour n’a jamais été aussi prometteur. Moins codifié, plus libre, il peut devenir un terrain d’expansion, d’exploration, de guérison. Mais cela demande de sortir des injonctions, de soigner ses blessures, et d’oser co-construire un lien conscient, vivant, évolutif.