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L'été ou je suis devenue jolie : illusions romantiques, personnages complexes et ce que cela réveille en nous

  • voiraudelahypnose
  • 23 sept.
  • 4 min de lecture
image amazon prime vidéo. La maison de la série The summer i turned pretty
La maison de Cousins, image de la série amazon prime vidéo "The summer I turned pretty"

L'été ou je suis devenue jolie: Une série sucrée qui cache des questions profondes


Ces derniers temps, difficile de passer à côté de l’engouement autour de la série l'été ou je suis devenue jolie (Summer I turned pretty), adaptée du roman de Jenny Han. Et je vais être franche : malgré mon âge, mon parcours, ma lucidité et même ma formation de coach relationnel, j’ai adoré cette série. Oui, c’est possible de vibrer avec ces histoires adolescentes tout en gardant le recul nécessaire.

C’est un peu comme savourer une glace au chocolat : délicieux, réconfortant, mais ce n’est pas l’alimentation qui nourrit notre quotidien. De la même façon, ces romances peuvent nous toucher, réveiller en nous des parts oubliées, sans qu’on ait besoin de les confondre avec la réalité des relations adultes.



Un scénario classique… mais diablement efficace


L’intrigue est simple : Belly, 16 ans, passe chaque été dans la maison de vacances de la meilleure amie de sa mère, avec son frère Steven et les deux fils de cette famille, Conrad et Jeremiah. Cet été-là, tout change : Belly devient “jolie”, et le regard des garçons se pose sur elle autrement.

Tout y est :

  • le triangle amoureux,

  • la rivalité fraternelle (thème ancien qui remonte à Abel et Caïn),

  • les clichés de la jeunesse dorée : maisons superbes, grosses voitures, beauté éclatante, et bien peu de soucis matériels.

Mais derrière cette carte postale, la série joue sur une corde sensible : la croyance que l’amour doit être intense, chaotique, émotionnellement violent pour être vrai. Belly le dit elle-même en pensant à Conrad : colère, tristesse, joie… lui seul lui fait tout ressentir. Comme si l’intensité émotionnelle était la preuve ultime de l’amour.


Flammes jumelles, âmes soeurs et illusion d’amour inconditionnel


C’est aussi pour cela que la série captive autant. Elle exploite à fond le mythe de l’amour inconditionnel, de l’âme sœur et de la flamme jumelle. Un amour prédestiné, plus fort que tout, censé nous compléter et nous sauver.

Mais cette quête nourrit une spirale d’insatisfaction : on attend de l’autre ce qu’on ne reconnaît pas en soi. On cherche au-dehors une complétude qu’on porte déjà au-dedans.

Et là, je parle aussi d’expérience. J’ai moi-même connu cette relation “hors du temps”, où l’on croit avoir trouvé la clé, la paix, l’absolu. Ce calme existe, mais il ne vient pas d’un autre. Il nous rappelle seulement un espace intérieur qu’on avait oublié.



Les personnages : des miroirs qui en disent long


C’est là que la série devient vraiment intéressante. Car derrière les clichés, chaque personnage révèle des facettes qui méritent d’être observées avec attention.


un garçon nostalgique
Conrad, personnage de la série amazon prime vidéo "The summer I turned pretty"

Conrad : plus qu’un “torturé”, un profil neuroatypique


On nous présente Conrad comme le garçon sombre, mystérieux, incapable de s’engager clairement. En réalité, il porte tous les traits d’une neuroatypie, probablement autistique :

  • intérêts spécifiques sur lesquels il pourrait parler des heures,

  • grande difficulté dans l’interaction,

  • besoin d’ordre et de rituels,

  • alimentation sélective mais régulière,

  • crises d’angoisse,

  • fidélité intransigeante à ses valeurs, au point qu’il ne peut pas agir autrement.

La série réduit tout cela à l’image romantique du garçon “torturé”, mais la réalité est bien plus profonde : l’inadaptation sociale est une souffrance immense, une solitude qui n’est pas un choix. Et cette dimension, on la gomme pour en faire un simple ressort narratif.


Jeremiah : le solaire qui se conforme


Jeremiah, lui, est l’opposé : beau, charmant, “léger”, ouvert aux garçons comme aux filles. Mais cette séduction cache une conformité : il est ce que les autres attendent de lui. En psychologie, on dirait qu’il s’adapte au rôle qu’on lui a collé. Résultat : un personnage qui paraît solaire mais reste centré sur lui-même, égoïste, incapable d’une vraie profondeur.


Belly : de l’égocentrisme à l’humilité


Belly commence comme une adolescente capricieuse, centrée sur son propre désir d’être aimée. Mais peu à peu, elle apprend à se confronter à elle-même, à ses choix, et gagne en autonomie et en humilité. Une évolution qui parle à beaucoup d’adolescentes… et rappelle nos propres débuts.


Susannah : la mère toxique sous couvert d’amour


La mère des garçons, Susannah, est idéalisée dans la série : belle, forte, douce malgré sa maladie. Mais si on regarde de plus près, elle illustre parfaitement les toxicités parentales invisibles. Elle projette sur ses enfants des destins tout tracés : “lui sera comme ceci, l’autre comme cela, Belly épousera un de mes fils…” Elle crée une rivalité dès l’enfance. Et pire encore : sur son lit de mort, elle impose à Conrad de rendre son frère heureux, et à Jeremiah que rien jamais ne le sépare de son frère. Des promesses impossibles, destructrices, qui les enferment dans des loyautés intenables.


Ce que ça éveille en nous : une part précieuse


Alors pourquoi sommes-nous si captivés ? Parce que cette série nous parle d’une part enfouie en chacun de nous : la capacité d’aimer sans conditions. Cette part est précieuse, universelle, et nous relie à quelque chose de plus vaste que nous.

Mais attention : ce n’est pas une promesse terrestre. Aucun autre ne viendra nous sauver. Ce que ces histoires réveillent, c’est seulement un rappel : cette vastitude est déjà en nous.

Les relations ne sont pas là pour nous “compléter” ni pour nous “faire grandir”. Elles viennent plutôt nous tendre un miroir, pour nous aider à retrouver qui nous sommes déjà, au plus profond.


 Rêver sans s’illusionner


Alors oui, savourons L’été où je suis devenue jolie. Laissons-nous émouvoir par Belly, Conrad et Jeremiah. Vibrons avec ces histoires d’amour inconditionnel, de flammes jumelles et de destin.

Mais restons lucides : ce sont des récits qui nourrissent notre imaginaire, pas des modèles pour nos vies. L’amour véritable n’est pas une quête hors de nous. Il naît de la reconnexion avec soi, et peut se partager ensuite avec un autre, sans attente magique de complétude.

Être romantique et lucide, c’est possible. Et c’est peut-être la plus belle façon de regarder ces séries : avec plaisir, mais sans se perdre.


 
 
 

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